13 mars 2024 — CNSMD Lyon — Concert : Hic et nunc (création) / L’agneau, l’astronome et le funambule (2010)

Hic et nunc (création) pour 18 instruments et L’agneau, l’astronome et le funambule (2010) pour soprano et 12 instruments  seront jouées le mercredi 13 mars 2024 au CNSMD de Lyon par l’Atelier XX-21 dirigé par Fabice Pierre. Pour une présentation détaillée du concert, voir ici : https://www.grame.fr/evenements/2024-03-atelier-xx-21-du-cnsmd-de-lyon

Hic et nunc est une commande du GRAME-CNCM. Ce concert a lieu dans le cadre de la B!ME, Biennale des musiques exploratoires.

« Deux références se sont imposées à Vincent-Raphaël Carinola pour évoquer le thème du « sauvage » dans sa nouvelle œuvre Hic et nunc : Edgar Varèse et Claude Lévi-Strauss. La musique de Varèse relève d’une pensée brute du sonore, détachée des structures préétablies, en particulier à travers son utilisation novatrice des instruments de percussions. En hommage à Intégrales, dont on fête le centenaire de la composition, Hic et nunc repose sur un effectif proche et une composition par strates superposées et indépendantes les unes des autres, sans directionnalité : séquences rythmiques, mélodiques, timbres caractéristiques (chant des trombones, tenues aux intervalles serrés des contrebasses, cris distordus, impacts puissants aux percussions…). En les superposant sans intention formelle, le compositeur observe la façon dont ces strates dialoguent, un peu comme on contemplerait un paysage composé d’éléments distincts (un oiseau, le vent, des murmures lointains, le chant des cigales, le moteur d’un avion…). Comme un chasseur à l’affut de rencontres remarquables, d’analogies imprévues, il exerce sur ce terrain d’exploration bigarré un mélange de logique intuitive et de bricolage, que Lévi-Strauss décrit par « la pensée sauvage ». En résulte une pure succession d’instants, existant ici et maintenant, produits d’une écoute incertaine, brute, nue.

L’agneau, l’astronome et le funambule s’organise autour d’un texte écrit par Vincent-Raphaël Carinola, où se croisent une évocation poétique de L’Astronome de Vermeer, des extraits d’Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche et l’Agnus Dei de la liturgie chrétienne, cité musicalement dans l’œuvre au travers de la Missa Prolatonium de Johannes Ockeghem. Ce texte sert de support au chant et détermine la forme globale de l’œuvre. Le compositeur tâche de donner un équivalent musical à différentes notions ou images s’y imbriquant par associations libres : un funambule, la théorie des cordes, le fil de laine, l’agneau, le tapis d’orient du tableau de Vermeer, l’espace de Kaluza-Klein, le savant, le zodiaque, etc. Ainsi, l’Agnus Dei d’Ockeghem est traité comme une surface plane et homogène soumise à des torsions, comme si un corps massif courbait sa structure, le pliant comme le tapis d’orient de Vermeer. Dans d’autres passages, des « objets sonores » évoluent autour de la voix comme le zodiaque autour d’une représentation du Christ. L’œuvre résulte ainsi d’un entrelacs d’éléments hétérogènes, comme des fils de la trame s’enroulent en spirale dans un tapis persan. »