FLUX ÆTERNA (2014)
pour Internet

Cartes perforées

Durée : Indéfinie.

Flux Æterna est une composition musicale destinée à l’Internet.  Elle se présente sous la forme d’un flux audio sans fin, diffusé en continu depuis juillet 2014.  La musique est générée en direct, c’est un pur devenir, une succession d’instants évanescents.

L’écoute de Flux Æterna est similaire à celle d’une web radio, mais l’internaute peut ici influencer le devenir de l’oeuvre par l’apport de ses propres fichiers son.

Fonctionnement

La musique est générée en direct à partir d’un serveur de diffusion situé à l’Université de Saint-Étienne. Pour l’écouter sur une durée souhaitée il suffit de cliquer sur le lien suivant :

Il s’agit d’un programme informatique qui “interprète” une partition générative, c’est-à-dire un programme qui évolue continuellement et qui joue avec un repertoire de sons en les transformant de différentes manières.

L’auditeur peut «envoyer» (uploader) des nouveaux sons qui s’intégreront au flux. Pour cela, il suffit de cliquer ici et de suivre les instructions :

Ainsi, le repertoire de sons (l'”orchestre”) évolue selon les apports des internautes, les nouveaux remplaçant les plus anciens. Cependant, le système contient une mémoire interne qui peut donner à entendre les sons anciens longtemps après renouvellement de l’ensemble des fichiers.

La manière dont les nouveaux sons apparaissent, leur durée, leur récurrence, sont totalement imprévisibles pour l’auditeur mais ils restent (presque) toujours reconnaissables.

Les transformations des sons sont très limitées, de manière à respecter leur essence : fragmentations, transpositions, bouclages et, plus rarement, filtrage et modulation. La musique prend à la lettre le sens premier du mot composer : poser ensemble, c’est à dire, donner à entendre un assemblage d’objets. Ces associations constituent de nouvelles formes sonores composites, toujours inattendues.

La partition contient une description détaillée du fonctionnement de l’œuvre, d’un point de vue technique et musical.

Composition

L’écriture de Flux aeterna s’est effectuée sur deux niveaux :

1) Un programme informatique réalisé avec l’environnement logiciel MaxMSP consistant en

  • la lecture et traitements des sons transférés par les internautes
  • la lecture de matériaux indépendants des fichiers entrant

L’oeuvre est structurée à partir d’un certain nombre de sections (part01, part02…). Chaque section regroupe différents programmes ou séquences (seq01, seq02…) qui contrôlent des modules de traitement. (granulation, bouclage, sample and hold, gates , modulation).

Ainsi, chaque section active un ou plusieurs modules (par exemple une granulation, deux bouclages, etc.), chaque module étant contrôlé par un programme différent (control_grain_seq04, control_boucle1_seq11, control_boucle2_seq03 etc.). Chaque programme ou séquence possède un fonctionnement interne qui assure son évolution continue et son renouvellement à chaque récurrence de la même section.

On pourrait comparer cela à un ensemble de musiciens (les modules), dont une partie (un soliste, un trio, le tutti) est appelée dans chaque section pour exécuter le mouvement d’une partition spécifique.Mais chaque fois qu’une même partition est exécutée, elle fait l’objet d’une interprétation différente, ou d’une variation d’un même mouvement. De plus, à chaque nouvel appel, chaque musicien change d’instrument, celui-ci étant dépendant des sons envoyés par les internautes, de sorte que chaque variation s’accompagne d’une ré-orchestration.

Par ailleurs, chaque section contient sa propre horloge interne déterminant sa durée, laquelle évolue aussi pour chaque récurrence. Lorsque la durée s’est écoulée, on passe à la section suivante. Certains programmes et modules ont uniquement une fonction cadentielle ou de transition.

Les enchaînements d’une section à l’autre sont gouvernés par une chaîne de probabilités, dite aussi chaîne de Markov. Cela signifie que chaque section possède un réseau d’autres sections auxquelles elle peut s’enchaîner suivant certaines règles laissant une part d’aléatoire. Il en résulte une architecture globale que l’on pourrait comparer à un bâtiment composé de pièces avec plusieurs portes ouvrant à d’autres pièces, possédant à leur tour plusieurs portes, etc. que le système parcourt à l’infini.

Le schéma suivant décrit les différentes couches logicielles.

2) La transcription sous forme de partition graphique décrivant les différentes sections. La partition décrit de manière succincte les modules à l’oeuvre dans chaque section et donne une vision schématique des événements musicaux. Ella a été un repère important dans la composition de l’ensemble, bien que sa fonction soit uniquement d’offrir un outil analytique ou descriptif de l’œuvre.

Le projet de Flux æterna consiste à proposer une forme musicale incarnée par un flux continu, forme qui se manifeste par un certain aspect durant le temps d’écoute et dont la logique interne se dévoile à l’auditeur lorsque celui-ci fourni un nouveau son.

Modes d'existence et déclinaisons diverses

Bien que Flux æterna explore dans sa conception, sa structure formelle et ses conditions de réception la spécificité de l’Internet, elle a donné lieu à différentes déclinaisons sous la forme de concerts et installations :

  • Concert « Le son des choses » le 4 avril 2014 au Théâtre Le Verso de Saint-Étienne
  • Installation dans le cadre de l’exposition Unlimited, du 28 mars au 23 mai 2015, galerie l’Attrape-couleurs (Lyon, Saint-Rambert), Grame.
  • Installation dans le cadre de l’exposition Net Sounds du 01 mars au 08 avril 2018, Les subsistances (Lyon), Mirage Festival/Biennale Musiques en Scène.
  • Installation interactive Paroles, dans le cadre de l’exposition IA2 : Intelligence Artificielle et Arts, du 27 mars au 7 avril 2017, Maison de l’Université, Saint-Étienne.
  • Atelier/concert participatif organisé par l’Ensemble Intercontemporain, 3 février 2018. Auditorium de la médiathèque Marguerite Duras (Paris XXe).
    -Installation immersive dans le cadre du Festival Présences du 07 au 09 février et du 14 au 16 février 2020, Maison de la Radio (PARIS)
  • Radio web intégrée à France Musique, de février 2020 à février 2022

Crédits

Stéphane LETZ a apportée une aide précieuse à la réalisation de la partie encodage/streaming dans Darkice et Icecast.

L’équipe de la Direction des Services Informatiques de l’Université de Saint-Etienne (DSI) a réalisé le formulaire d’envoi de fichiers-son et accueille actuellement le serveur sftp et Icecast.

Laurent POTTIER, Maître de conférences (HDR) à l’Université de Saint-Etienne, a permis à ce projet de bénéficier du soutien de l’Université.

Une nouvelle version intégrant le Spat (Ircam) a été réalisée avec l’aide d’Hervé Déjardin et Frédéric Changenet et le soutien de Pierre Charvet et Justine Mergnac-Herstenstein, pour une diffusion sur France Musique entre février 2020 et février 2022.

Je les remercie tous chaleureusement.