13 décembre 2023 — Dijon / Atheneum — Le parti pris des sons


Le parti pris des sons

13 décembre 2023, 20h

Atheneum, Dijon


Les étudiants de l’Ecole Supérieure de Musique – Bourgogne-Franche-Comté, présentent leurs compositions électroacoustiques, instrumentales et mixtes issues des ateliers de recherche et création coordonnés par Vincent-Raphaël Carinola. En s’inspirant de l’univers poétique de Francis Ponge, leurs pièces explorent la notion d’ « objet sonore » et, à travers elle, ce qu’un geste instrumental, un son du quotidien, un motif, une image sonore ou une simple note peuvent contenir comme beauté singulière, pour peu qu’on les écoute attentivement et qu’on les manipule avec soin.

Avec : Emma Abraham-Bervas, contrebasse – Lucile François, euphonium – Mathilde Gérard, hautbois – Lara Lamarche, flûte – Jonathan Marceaux dit Clément, trompette – Luca Margaria, alto – Maria Menival, clarinette – Maïwenn Pasgrimaud, violon – Manolo Quechon, guitare – Antoine Rufener, saxophone – Jules Vies, contrebasse.

Pierre Rativaud et Lilian Renaud, régie

Programme

Luca Margaria « La bougie », acousmatique
Représentation musicale d’une réflexion au coin du feu, cette pièce entièrement électronique basée sur un poème de Francis Ponge nous plonge dans une atmosphère lugubre où le temps semble ralenti et suspendu entre le rythme imprécis des tintements de cloches et les interventions lointaines de clarinette.

Lucile François « Spaceship » pour euphonium et dispositif électroacoustique
« Spaceship » m’a permis d’explorer les différents timbres de l’euphonium qui m’ont évoqués des sonorités fantastiques issues d’une autre galaxie.

Lara Lamarche « Personnification » pour clarinette, violon, guitare et contrebasse
Le but de la pièce est d’utiliser la musique pour représenter des personnages. Chacun d’eux aura son propre alphabet, sa propre façon de parler. Ils auront d’abord du mal à communiquer entre eux mais finiront par se comprendre car la musique est un langage universel qui réunit chacun d’entre nous, quel que soit l’endroit d’où on vient. À cela s’ajoute une touche d’humour qui rappelle que la musique n’est pas toujours sérieuse et qu’elle peut tout autant être amusante.

Emma Abraham-Bervas « Come rain or come shine » pour contrebasse et dispositif électroacoustique
J’ai choisi d’accorder « Come rain or come shine » au fil narratif du poème « La Pluie » de Francis Ponge, écrivain français proche du mouvement surréaliste. Ici, contrebasse et bande illustrent à leur façon certains vers du poème à travers des sonorités particulières ; « elle [l’eau] ruisselle en nappe très mince, moirée à cause de courants très variés par les imperceptibles ondulations », « chacune de ses formes a une allure particulière ; il y répond un bruit particulier ». « La Pluie » est issue du recueil « Le Parti pris des choses » paru en 1942. Dans ce recueil, Ponge cherche à restituer aux objets d’apparence banale leur beauté et leur originalité. Avec cette courte pièce uniquement composée de sons de contrebasse, je tente à mon tour à rendre hommage à mon bel instrument, certes peu pratique mais aux possibilités riches et infinies.

Isaline Glaran « L’huitre », acousmatique

Manolo Quechon « Fluctuation » pour flûte, clarinette, violon et contrebasse
Cette pièce part de la simple idée de moduler un son, basé ici sur la note Mi. On peut jouer autour, la présenter différemment, la nuancer, l’espacer… Depuis la composition jusqu’à l’interprétation, les musiciens sont pleinement impliqués pour incarner cette idée, dans le but d’adapter le principe à leur instrument du mieux possible. L’improvisation est au cœur de cette pièce, pour laisser à chaque instrumentiste la liberté d’évoluer et de s’exprimer.

Luca Margaria « Haunted viola », pour alto et dispositif électroacoustique
Mélange de techniques instrumentales variées et d’électronique, cette pièce nous emmène dans un univers ou l’instrumentiste fait petit à petit face à la résonance hantée et désordonnée de son instrument, comme si celui-ci voulait communiquer avec son propriétaire.

Jean Massard « Le patient ouvrier », acousmatique
Le musicien est un patient ouvrier qui s’attèle à sa tâche comme Fabre. En guise de brouette l’instrument, en guise de maçonnerie le son et la technique instrumentale pour relier les deux. La matière n’est pas à négliger en termes de musique : le son est une matière expressive et intangible, c’est ce qui fait sa préciosité et le besoin de l’utiliser avec parcimonie, pour qu’il continue à nous toucher malgré les bavardages de notre époque et ses discuteurs professionnels se prenant bien trop souvent pour des artistes.

Maria Menival « Options » pour flûte, clarinette, violon, guitare et contrebasse
Cette pièce est basée sur le hasard. Chaque musicien.ne possède une pochette contenant 10 modes de jeu instrumentaux, et un dé à 6 faces. D’abord, chacun.e lance son dé pour savoir combien de modes de jeu pourront être utilisés. Ensuite, il faut piocher un papier dans la pochette, et lancer une nouvelle fois le dé, qui lui indiquera un registre, une palette de nuances ou, s’il tombe sur 6, une totale liberté concernant ces paramètres. Le dé peut être relancé autant de fois que voulu. La pièce est terminée lorsque chaque musicien.ne a pioché le nombre de papiers indiqué par le dé au début de la pièce.

Antoine Rufener « Incantation », pour saxophone et dispositif électroacoustique
« Incantation » évoque une pièce électroacoustique captivante, où les sons mystiques du saxophone s’entrelacent dans une danse envoûtante, créant une expérience auditive immersive et transcendante.

Aulde de Brion, « Farfadet Vénusien », pour violon et dispositif électroacoustique
J’ai voulu retranscrire une ambiance magique et nébuleuse tout en prenant le diapason de Vénus superposé à celui en 415 Hz. Il y a 4 parties différentes : (1) canon, (2) pizz, (3) mode Bartok et (4) canon 

Jonathan Marceaux dit Clément « La cigarette », acousmatique

Mathilde Gérard « Dark Church » pour hautbois et dispositif électroacoustique
Avec « Dark Church » j’expérimente la posture de compositrice, mais aussi le travail de montage et de prises sonores. Mes inspirations pour cette pièce viennent des ombres et de l’atmosphère que renvoient les lieux de culte hors des temps de célébrations, lorsque tout est éteint et que plus rien ne bouge. Il n’y a plus un bruit sauf celui de vos pas et de l’organiste allumant son orgue. Le côté dark vient aussi de mon imaginaire se développant face aux ombres des arbres contre les vitraux, les flammes des cierges, une ou deux vestes oubliés et la croix et les statues dans la pénombre. Tous les sons ont été enregistrés et travaillés pour l’occasion, certains dans une église, d’autres non. Ceux-ci ont été par la suite traités, modifiés, et découpés pour donner naissance à « Dark Church ».

Maïwenn Pasgrimaud « Oscillation » pour flûte, clarinette, guitare et contrebasse
Cette pièce est une variation autour du demi-ton. Si elle commence de manière consonante, la matière sonore s’altère progressivement pour devenir un total désordre, à la limite de l’audible. Les musiciens reprennent leur souffle, et invitent au voyage dans cette ambiance étouffante, jusqu’à s’éteindre au son de leurs instruments.

Jonathan Marceaux dit Clément « Archétype, partie I : Brumes de rituel » pour trompette et dispositif électroacoustique
Cette première partie d’« Archétype » est une exploration des sonorités peu usitées de la trompette, entre souffle et électronique. Cette brume sonore prépare au rituel chanté par la trompette dans une sonorité bouchée de 1/2 pistons. Le dialogue musical s’articule dans une interaction des deux parties (trompette et électronique) mais aussi dans un jeu conjoint visant l’exploration du timbre avec électronique de la trompette.

Jules Vies « Coopération » pour un récitant, flûte, clarinette, violon et guitare
Ma création s’inspire des jeux de sociétés coopératifs dans lesquels un groupe de joueur·se·s doit se coordonner pour relever un défi qui lui est proposé par un maître du jeu. Ici, je propose aux musicien·ne·s de mettre en sons une histoire qu’ils·elles ne découvriront que quelques instants avant de jouer…

Olivia Ralaimiaramanana « La rage froide de l’expression », acousmatique

Le projet

La formation à l’ESM intègre un espace original de recherche, d’expérimentation et de création autour des nouvelles formes d’écriture du sonore, coordonné par Vincent-Raphaël Carinola. Il s’agit pour les instrumentistes et chanteurs en formation supérieure d’observer et de saisir l’évolution du métier de l’interprète corrélée à celle des nouvelles technologies électroacoustiques et numériques. Les étudiants sont invités à entrer dans l’atelier du compositeur d’aujourd’hui et à affirmer ainsi leur propre inventivité en assumant toutes les étapes de réalisation de l’œuvre : l’écriture instrumentale et électroacoustique, la conception des dispositifs interactifs et, naturellement, l’interprétation.

ATHENEUM

Esplanade Erasme

21000 Dijon

03 80 39 52 20 

 

Entrée libre